Reprendre les études à l’âge adulte relève donc de choix construits et assumés, mais porteurs de risques. C’est essentiellement la question des conditions de vie durant ce retour qui demeure problématique.
Pendant la période qui correspond à l’affichage des résultats dans la plupart des établissements d’enseignement supérieur tunisiens, la présence croissante des adultes sur les listes d’étudiants attire l’attention. Ce qui était jadis un phénomène est devenu désormais de plus en plus courant.
En effet, les études ne semblent plus réservées aux jeunes. Reprendre le chemin de l’école à l’âge adulte, préparer un master, un doctorat, une première ou même une deuxième licence est devenu fréquent de nos jours.. Les universités offrent un large éventail d’opportunités. Pourquoi se lancer dans de nouvelles études ? Booster sa carrière, reconversion ou épanouissement personnel, différentes motivations sont à l’origine.
Reprendre sa vie en main
A un certain point de la carrière, la plupart des salariés font le point sur leur situation professionnelle. Certains ont besoin de progresser dans la même profession et d’acquérir de nouvelles responsabilités. Ils décident alors de suivre des cours en parallèle à leur activité. Les études permettent de se doter d’un nouveau savoir reconnu dans le secteur d’activité et de valoriser les compétences acquises ou développées dans le cadre d’expériences professionnelles.
D’autres peuvent se montrer intéressés par de nouveaux secteurs d’activités, une nouvelle zone géographique ou un meilleur statut financier. En effet, les trajectoires professionnelles sont moins linéaires que jadis. Les expériences en milieu du travail peuvent conduire les individus à se réorienter pour développer une nouvelle identité professionnelle en adéquation avec leurs aspirations.
Reprendre sa vie en main pour ne pas rester enfermé dans des situations qui ne conviennent pas s’avère être le fruit d’une réflexion et d’une maturation. D’ailleurs, les choix des individus au moment de la poursuite des études après le baccalauréat dépendent des résultats scolaires, mais aussi de l’influence de l’entourage et de leurs enseignants. Beaucoup de bacheliers sont orientés selon l’aspiration de leurs parents. Des trentenaires ou même des retraités ayant un statut et une indépendance financière atteignent ce sentiment d’émancipation et le bonheur de trouver enfin leur voie à un âge tardif.
En outre, le besoin de changement va de pair avec la recherche d’une stimulation et du dynamisme liés à l’apprentissage. Cette reprise des études qui se déroule dans des conditions financières facilitantes est une véritable cure de jouvence et une immense source d’épanouissement.
Un nouvel équilibre à trouver
En dehors des cours à distance de l’Université Virtuelle de Tunis, les autres établissements universitaires n’ont pas intégré des cursus totalement adaptés aux adultes travailleurs. Ainsi, ces derniers se trouvent livrés à eux-mêmes, sous l’obligation de concilier vie professionnelle, vie familiale et études. En théorie, beaucoup d’entreprises encouragent la formation continue de leurs employés. Il n’est certainement pas obligatoire de démissionner ou de prendre une pause de son emploi pour se replonger dans l’atmosphère studieuse des amphis.
Cependant, sortir de sa zone de confort pour retrouver l’habit d’apprenant n’est pas facile et nécessite une organisation sans faille. Il faut accepter de se mêler à des étudiants qui ont parfois l’âge de ses enfants et revivre le stress de la révision et des examens. Cette intégration s’avère laborieuse et modifie l’équilibre ultérieur. Les sacrifices exigés par cet engagement touchent de près la vie de famille. Le soutien et la compréhension des proches et surtout du conjoint s’avèrent aussi de mise. Reprendre les études à l’âge adulte relève donc de choix construits et assumés, mais porteurs de risques. C’est essentiellement la question des conditions de vie durant ce retour qui demeure problématique.